L'ancienne cité latine de GabiiFragments d'histoire urbaine à travers les données archéologiques et les sources littéraires

par le professeur Marco Fabbri - Université de Rome 2 « Tor Vergata »

---

La cité latine de Gabii, à une vingtaine de kilomètres de Rome, est l’un des sites archéologiques les plus importants du Latium Vetus. À l’époque augustéenne elle est mentionnée par les sources comme étant le centre où Romulus et Rémus achevèrent leur éducation. D’autres sources de la même époque confirment les rapports étroits entre les villes de Rome et de Gabii en évoquant le rôle de cette dernière dans les événements qui menèrent à l’expulsion du dernier roi de Rome, Tarquin le Superbe. Le site de Gabii représente un exemple d’excellence pour l’histoire de la discipline archéologique. Au 18^e siècle, après le début des grandes campagnes de fouilles de Pompéi et d’Herculanum qui marquent la naissance de l’archéologie moderne, c’est là que le collectionneur d’antiquités Gavin Hamilton fouille un complexe monumental qui dévoile un grand nombre de statues, dont la plupart sont aujourd’hui exposées au Louvre.

La zone archéologique de Gabii est située dans l’une des rares portions de la « campagne romaine » encore préservée des interventions modernes. Au cours des dernières années, elle a fait l’objet de chantiers de fouilles soutenus par plusieurs organismes de recherche internationaux.

Sur une colline à l’extrémité septentrionale de la ville, la Surintendance spéciale pour l’archéologie, les beaux-arts et le paysage de Rome et l’Université de Rome Tor Vergata ont mis au jour des vestiges exceptionnellement bien conservés d’une importance extraordinaire. Les campagnes de fouilles menées jusqu’à présent ont permis de relever les indices d’un habitat protohistorique, les restes d’un pan de fortification et d’une prestigieuse demeure remontant à la fin du VIIe siècle av. J.-C. et, surtout, les vestiges d’un bâtiment tripartite avec une cour avant datant de la première moitié du VIe siècle av. J.-C. dans un état de conservation remarquable. Les maçonneries hautes de plus de deux mètres ont été retrouvées sous un imposant tumulus de pierres clairement élevé dans le but de recouvrir le bâtiment, au moment même où Tarquin le Superbe était chassé de Rome. Le plan de l’ensemble et les fragments de décoration figurant des félins et des personnages à tête de taureau témoignent, quant à eux, du fait que le complexe archéologique de Gabii est en réalité la réplique de la Regia des Tarquins, découverte sur le forum de Rome au milieu du siècle dernier.

Ces révélations récentes et celles qui, nous l’espérons, émergeront des campagnes en cours, pourraient renfermer une importante clé de lecture pour répondre aux nombreuses questions qui entourent toujours l’histoire de Rome, de sa naissance à la fin de la monarchie