En 1690 fut saisi, au profit de la Couronne, tout le fonds d’atelier du premier peintre du roi Charles Le Brun. Cette décision inattendue explique la présence au musée du Louvre, héritier des collections royales, de plus de trois mille dessins de l’artiste. Parmi ceux-ci figurent des centaines de grands cartons préparatoires aux décors, c’est-à-dire des dessins à échelle d’exécution tracés sur plusieurs feuilles de papier assemblées, destinés à reporter sur les voûtes, par morceaux, les projets arrêtés. Aussi ces cartons étaient-ils généralement malmenés lors de leur maniement sur les chantiers. Utilitaires, abîmés, ils ont rarement été conservés et n’ont été considérés que très tardivement comme des œuvres d’art. Autrefois source de mépris, cette fonction d’usage fait aujourd’hui leur prix, car elle permet d’entrer au cœur du processus de création mais aussi de production des œuvres, au-delà même de la force esthétique parfois saisissante des pièces.