Les "Femmes d’Alger" d’Eugène Delacroix Revoir un chef-d’œuvre grâce à sa restauration

Par Sébastien Allard et Côme Fabre, musée du Louvre, et Bénédicte Trémolières, restauratrice.

Après la restauration des Scènes de massacres de Scio en 2019, celle des Femmes d'Alger dans leur appartement vient de s'achever. Elle était devenue nécessaire en raison de l'accumulation des vernis anciens, jaunis et opaques, qui masquaient de nombreux accords chromatiques, aplatissaient l'espace et réduisaient insensiblement l’œuvre à une image. L'opération chimique et esthétique de la restauration, surtout lorsqu’elle porte sur un chef-d’œuvre de Delacroix, ne se résume pas à une remise en ordre matérielle : elle fait renaître la peinture dans le tableau, établit un rééquilibrage entre l’illusion et la matière. Or cette articulation a toujours été un enjeu essentiel des Femmes d'Alger dans leur appartement, objet d’un fort investissement théorique par Charles Blanc et Paul Signac, simultanément à de nombreux hommages rendus par Renoir, Fantin-Latour, Cézanne, Matisse et Picasso. Les conservateurs et la restauratrice croiseront leurs analyses pour vous présenter le résultat d’une restauration-événement, et ce qu’elle nous fait revoir en Delacroix.

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