Animations

12 Mai 2023

Animations

ColloquesCinéma

12 Mai 2023

Présidence : Hervé Joubert-Laurencin (études cinématographiques, université Paris Nanterre)


10h à 10h30
Manuels et tutoriels d’animation : objets archéologiques pour l’épistémologie des dispositifs de vision

Par Maria Tortajada (études cinématographiques, université de Lausanne)

L’archéologie du cinéma – ou des médias – pourrait être décrite d’abord comme une science des objets. Étudier le cinéma d’animation signifie se confronter à certains d’entre eux : des objets triviaux, des tutoriels et des manuels qui nous expliquent, à nous, amateurs éventuels, comment faire. Quelle idée du mouvement s’élabore-t-elle dans les pratiques de fabrication de l’image animée, de ce qui apparaît aujourd’hui comme le mode de production dominant du cinéma d’animation : la computer generated image (CGI) ? Pourra-t-on, au final, imaginer une « archéologie du mouvement » à travers l’épistémologie des dispositifs de vision ?

Maria Tortajada mène des recherches en épistémologie des dispositifs de vision, sur l’archéologie du mouvement et sur le cinéma d’animation (voir notamment Dispositives. Essays in Epistemology Across Media, en codirection, 2015). Sont actuellement en préparation: Les concepts de l’animation. De la stroboscopie aux pratiques numériques, Mimesis, et Animation : Nag et Gisèle Ansorge. Des films de sable au cinéma psychiatrique, en codirection).


10h30 à 11h
Les figurines de la Cinémathèque suisse à l’épreuve de l’archéologie des médias : méthodes, enjeux, perspectives »
Par Chloé Hofmann (études cinématographiques, université de Lausanne)

Cette communication propose de réfléchir aux méthodes – notamment empruntées à l’archéologie des médias – permettant d’aborder les figurines de films d’animation déposées dans certaines archives afin d’éclairer les enjeux esthético-techniques relatifs à leurs conditions de fabrication. Nous verrons que l’examen et la manipulation de ces objets permet de réfléchir à la production des films d’animation en mettant en réseau des éléments techniques et matériels qu’il est possible d’articuler à des questions formelles.

Chloé Hofmann a soutenu en 2022 une thèse de doctorat intitulée « Grain par grain, photogramme par photogramme : l’animation de sable à partir du cas de Nag et Gisèle Ansorge » (université de Lausanne). Ses recherches s’inscrivent à la croisée de l’archéologie des médias, de l’histoire des techniques, des production studies et de l’histoire de l’animation. Elle prépare actuellement un livre sur le travail cinématographique, plastique et littéraire de Gisèle Ansorge.


11h à 11h30 : Discussion


11h30 à 13h
Du musée au cinéma.
A propos de Pharaon ! (Michel Ocelot, Fr., 2022, 20min).
Projection suivie d’une discussion entre Michel Ocelot (cinéaste) et Vincent Rondot (département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre), animée par Hervé Joubert-Laurencin (études cinématographiques, université Paris Nanterre)

Sorti en salles en octobre 2022, Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse est composé de trois contes réunis par l’esthétique onirique de Michel Ocelot, issus de trois époques et univers différents, dont le conte Pharaon !, coproduit par le musée du Louvre. A l’origine de cette coproduction inédite, la rencontre entre Michel Ocelot et Vincent Rondot, directeur du département des antiquités égyptiennes du Louvre, commissaire de l’exposition « Pharaon des Deux Terres, l’épopée africaine des rois de Napata » présentée dans le Hall Napoléon du 28 avril au 25 juillet 2022.

Vincent Rondot et Michel Ocelot reviennent sur leur collaboration singulière, celle d’un réalisateur passionné par l’Egypte ancienne et l’Afrique où il a passé plusieurs années d’enfance et d’un archéologue spécialiste de la dynastie africaine de Napata.

Michel Ocelot a consacré toute sa carrière au cinéma d’animation, écrivant ses propres histoires, dessinant lui-même les personnages de ses films et créant leur univers graphique. En 1998, le public découvre Kirikou et la sorcière, dont le succès en annonce bien d’autres, parmi lesquels Princes et Princesses (2000), Kirikou et les Bêtes sauvages (2005), Azur et Asmar (2007), Kirikou et les Hommes et les Femmes (2012), ou encore Dilili à Paris (2018). Le musée du Louvre lui a consacré une rétrospective intégrale du 20 avril au 8 mai 2022.

Vincent Rondot est directeur du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre depuis 2014. Il a passé dix ans en Égypte, notamment en tant que membre scientifique de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire (1988-1992), et cinq ans au Soudan (2004-2009), lorsqu’il dirigeait la Section française de la Direction des Antiquités du Soudan à Khartoum. De 1993 à 1997, il a fait partie de l’équipe de conservation du département des Antiquités égyptiennes en charge de la présentation permanente des collections égyptiennes du musée du Louvre.
Épigraphiste et archéologue, ses recherches portent principalement sur l’étude des cultes au dieu Amon, en Égypte et au Soudan. C’est à ce titre qu’il a ouvert la fouille sur le site méroïtique d’El-Hassa, au sud des pyramides de Méroé, devenu concession du musée du Louvre en 2020. Ses recherches sur les cultes dans le Fayoum à l’époque gréco-romaine l’ont amené à étudier les questions d’iconographie divine et l’impact que l’hellénisme a eu sur celles-ci durant les derniers siècles du paganisme.

Hervé Joubert-Laurencin enseigne l’esthétique et l’histoire du cinéma à l’université Paris Nanterre où il codirige le laboratoire HAR : Histoire des Arts et des Représentations. Il est membre Senior de l’Institut Universitaire de France. Familier de longue date de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini, dont il est traducteur en français, il a aussi écrit sur le cinéma d’animation et édité les Écrits complets d’André Bazin aux éditions Macula (2018). Il réalise désormais des films avec Marianne Dautrey, dont le premier s’intitule Bazin roman (70 min., 2019).

Parmi ses écrits sur le cinéma d’animation : Quatre films de Hayao Miyazaki, Paris, 2012 ; La lettre volante. Quatre essais sur le cinéma d’animation, Paris, 1997 et (dans le cadre de l’éducation populaire) des monographies sur les dessins animés de long métrage suivants : Les contes de la mère poule (trois films d’animation iraniens de Vajiollah Fard-e-Moghadam, Morteza Ahadi Sarkani et Farkhondeh Torabi), Mon voisin Totoro, Porco Rosso, Le Voyage de Chihiro et Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki, Perfect Blue de Satochi Kon, U de Grégoire Solotareff et Serge Elissalde et Les Aventures du Prince Ahmed de Lotte Reiniger.