Comment restaurer Van Eyck ? La Vierge du Chancelier Rolin et le Retable de l’Agneau Mystique

Par Sophie Caron, département des Peintures du musée du Louvre, et Hélène Dubois, Institut royal du patrimoine artistique, Belgique

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Dans le cadre de l'exposition Revoir Van Eyck. Rencontre avec un chef-d'oeuvre. La Vierge du Chancelier Rolin. Musée du Louvre (salle de la Chapelle), du 20 mars au 17 juin 2024.

La restauration du tableau La vierge du chancelier Rolin
Seul tableau de Jan van Eyck (vers 1390/95-1441) conservé en France, La Vierge du chancelier Rolin est l’un des chefs-d’œuvre des peintures du Louvre. Il est pourtant aujourd’hui étonnamment méconnu.
La restauration dont il vient de faire l’objet au Centre de recherche et de restauration des musées de France est historique car l’œuvre n’avait jamais été restaurée depuis son entrée au musée en 1800. La restauratrice Annie Hochart-Giacobbi est intervenue sur les couches picturales et le restaurateur Patrick Mandron sur le support.
Le panneau est entré au C2RMF en novembre 2021 pour une étude préalable, suivie par la restauration qui a duré d'août 2022 à décembre 2023.
L'allègement des couches de vernis oxydés qui assombrissaient la peinture offre une redécouverte spectaculaire du tableau. 
Cette opération a permis de nouveaux questionnements sur la ou les fonctions initiales de cette peinture et a changé littéralement notre angle de vue sur l’œuvre, permettant ainsi de la « revoir» différemment.

La restauration du Retable l’Agneau mystique
Le retable de l’Agneau mystique des frères Van Eyck (1432, Cathédrale Saint-Bavon, Gand) est célébré depuis sa création pour sa conception novatrice, la qualité extraordinaire de son exécution, et sa complexité. Il a toujours été considéré comme un des chefs-d’œuvre de la peinture occidentale, témoin de l’art particulièrement raffiné des Primitifs flamands. Cependant, au cours des siècles, il a fait l’objet de nombreuses interventions qui ont considérablement modifié son apparence. Depuis le 16e siècle, de larges surpeints masquaient des zones importantes de la surface originale.
La campagne de conservation et de restauration réalisée par l’Institut royal du patrimoine artistique (IRPA) a été initiée en 2012. Le travail interdisciplinaire mené par l’IRPA, aidé par les universités de Gand et d’Anvers, associe l’expérience pratique et la recherche scientifique de pointe. Les surpeints, découverts et étudiés par les conservateurs-restaurateurs en collaboration avec l’équipe du laboratoire, ont été enlevés ou sont en cours d’enlèvement. Ce traitement validé par une commission internationale d’experts révèle la qualité extraordinaire de l’œuvre. Elle conduit aussi à reconsidérer des questionnements fondamentaux sur la genèse et l’interprétation
du retable.