Dans l'atelier

13 Avril 2024

Dans l'atelier

Films

13 Avril 2024

Les ressources du cinéma offrent à l’exploration de cet espace éminemment symbolique qu’est l’atelier d’artiste un outil précieux permettant de mettre en lumière la face cachée de l’art, celle révélant l’intimité de l’artiste et l’énigme de l’acte de création. Cette sélection de films place l’atelier au coeur du récit, que ce soit en documentant peintres et sculpteurs au travail ou en évoquant l’atelier singulier de l’art pariétal.


à 14h
Projections
Desgrandchamps temps mélangés, de Judith Du Pasquier
Par-delà les silences, de François Royet
En présence des cinéastes et des artistes

Desgrandchamps, temps mélangés
De Judith Du Pasquier, Fr., 2023, 27 min, Les champs voulus

Avant-première parisienne
Projection suivie d’une discussion avec Judith Du Pasquier et Marc Desgrandchamps
La réalisatrice est invitée à pénétrer dans l’atelier d’un peintre majeur de la scène artistique française, Marc Desgrandchamps, qu’elle observe jouer sur les notions d’opacité, de transparence et de surimpression.

Le film se déroule principalement à Lyon, dans l’atelier de Marc Desgrandchamps, entre 2009 et 2022. Il plonge aussi dans des strates plus anciennes de l’oeuvre, à travers l’archivage minutieusement organisé par Marc Desgrandchamps. La confiance entre le peintre et la cinéaste, construite au fil des années, permet un accès intime aux gestes du travail pictural, ainsi qu’aux réflexions et questionnements de l’artiste.


Marc Desgrandchamps est né en 1960 à Sallanches. Il étudie à l’école des Beaux-Arts de Paris (1978-1981), il vit et travaille aujourd’hui à Lyon. Peintre majeur de la scène artistique française, il joue sur les notions d’opacité, de transparence et de surimpression. Si sa peinture est figurative, la perspective est souvent tordue, l’espace indéfini et des anomalies surgissent : corps morcelés, objets fantomatiques. Ses œuvres, puisant leurs références dans de nombreux univers (histoire de l’art, photographie, cinéma, littérature, musique, mais aussi des photos personnelles), éprouvent les limites de la figuration. Motif récurrent chez lui, la figure féminine, notamment celle des baigneuses, occupe une place centrale. Il existe des constantes fortes dans ses tableaux, comme certains sites ou l’omniprésence du ciel bleu. Dans un entretien avec Michael Peppiatt (Marc Desgrandchamps, Soudain hier, Repères n°166, 2016) il dit : « Ce qui suscite chez moi l’envie de peindre, c’est souvent un stimulus visuel, qui peut être quelque chose que j’ai vu réellement, par exemple un paysage traversé, un bâtiment qui m’intrigue ».

Marc Desgrandchamps a bénéficié de plusieurs grandes expositions notamment au Musée d'art contemporain de Strasbourg (2004), au Musée d'art contemporain de Lyon (2004), au Kunstmuseum de Bonn (2005), au Musée national d'Art moderne - Centre Georges Pompidou (2006), ainsi que d’une rétrospective importante au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (2011). En 2023, son oeuvre fait l'objet de plusieurs expositions personnelles : au Musée des Beaux-Art de Dijon, à la Fondation pour l'Art Contemporain Salomon à Annecy et au centre Lee Ufan à Arles. Il est présent au sein de collections institutionnelles françaises : FRAC Ile-de-France - Le Plateau, FRAC Occitanie Toulouse - Les Abattoirs, Musée d'Art Contemporain de Lyon, Musée d'art moderne et contemporain des Sables d’Olonne, Musée des Beaux-Arts de Caen, Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, Centre national des arts plastiques (Cnap).

Judith Du Pasquier est née à Bordeaux en 1963. Après un bac littéraire, habitée d’un fort désir de cinéma, elle s’installe à Paris où elle s’assume comme autodidacte et se forme sur le terrain : tournages de courts et longs métrages comme stagiaire, scripte, costumière, assistante à la mise en scène. En 1986, elle s’engage dans le cinéma documentaire, avec ses premiers courts métrages consacrés à des créateurs d’objets et de meubles. Elle fait son 1er film avec la télévision en 1993, et continue à travailler régulièrement pour le petit écran, essentiellement Arte. Autour de 2010, elle crée la société de production "Les Champs voulus" avec Thierry Artur pour auto-produire et fabriquer seule certains projets, films personnels ou petites commandes dans le monde de l’art. Au fil des années et des films, des thèmes de prédilection se dégagent : la peinture et les peintres, les objets et les designers, les rapports entre corps et esprit, avec toujours le désir de raconter des histoires et d’être perméable à l’intelligence et aux émotions de l’autre.

 

Projection suivie d’une discussion avec Charles Belle et François Royet


Durant seize années le réalisateur a suivi l’artiste Charles Belle et interrogé tant la place de l’art dans la vie du peintre que son processus créatif, s’appliquant à « cheminer dans les territoires mystérieux de la création ».

Le film Par-delà les silences n’est pas un documentaire sur un peintre, ni une tentative de définition de l’art. Il est une œuvre à part entière, cheminant dans les territoires mystérieux de la création. François Royet évoque son travail en ces termes : « J’ai suivi le peintre Charles Belle, j’ai parcouru sa solitude, ses doutes, sa puissance et le vide qui précède l’œuvre, auquel l’artiste doit se mesurer au risque de s’y perdre. J’ai filmé les moments où le doute s’invite mais où l’engagement de l’homme est absolu. » De nombreux biopics ou films documentaires transcrivent le cheminement des artistes dans leur travail, en s’invitant au cœur de leurs ateliers ou lors de performances. Mais ce qui mobilise ici le cinéaste, à travers cette œuvre de fiction, c’est davantage le caractère universel et intemporel du geste de créer. « Mon travail de cinéaste s’est construit au rythme de celui du peintre. C’est mon immersion totale dans l’univers de Charles Belle qui a nourri le film avec singularité. »
 

Charles Belle est un peintre dont l’œuvre est reconnue pour ses représentations de la nature dans des formats souvent monumentaux. Il explore les territoires de l'intime et de l'existentiel avec profondeur. Forêts, herbes sauvages, fleurs, cours d'eau, portraits expriment tout autre chose que ce qui est donné à voir. Charles Belle fait partie des membres fondateurs du consortium Art Identification Standard [AIS] depuis 2019.

François Royet est cinéaste et réalisateur. Il réalise plusieurs documentaires sociaux comme « Des nouvelles d’icibas », après avoir filmé pendant 5 ans au plus près des personnes exclues de la société et « intra-muros, mouvements » évoquant un atelier de danse contemporaine dans une maison d’arrêt. Fasciné par la force créatrice des peintres, François Royet consacre « Huile sur toile » à l’aventure de Claude Monet à Belle-Île-en-Mer, puis « Courbet, la tourmente » à Gustave Courbet. Dans « Crayon, terre, savon et rouille sur fond de journal » il approche la puissance mystérieuse de l’acte de créer qui conduit Jean Daligault à continuer de peindre lors de sa déportation à Dachau. Il rencontre Charles Belle au début des années 2000. Commence alors le tournage de ce qui deviendra 16 ans plus tard le film long-métrage « Par-delà les silences ».