Montages

13 Mai 2023

Montages

ColloquesCinéma

13 Mai 2023

Présidence: Ada Ackerman (histoire de l'art, CNRS)


14h30 à 15h
Produire le temps : Eisenstein,
 ¡Que Viva México! et la machine archéologique
Par François G. Richard, archéologie et anthropologie, University of Chicago

Cette communication examine le chef d'œuvre avant-gardiste de Sergei Eisenstein, ¡Que Viva México!, comme un travail de pensée archéologique. L’usage du montage et des « images dialectiques » (Benjamin) dans le film nous rappelle les techniques que les archéologues emploient pour organiser et composer leurs archives matérielles, et donc, pour façonner une expérience du temps et une réalité temporelle. Comparable à ce que Gavin Lucas appelle une « machine archéologique à (re)monter le temps » (‘archaeological time machine’), et en conversation avec l’intelligentsia avant-gardiste mexicaine, le film juxtapose des images du passé et des visions du futur dans un présent en mouvement, dont l’effet premier est une production active et créatrice du temps historique.

François Richard a une formation d’archéologue et d’anthropologue de l’histoire. Il travaille sur les sociétés rurales dans le contexte historique de l’impérialisme français au Sénégal et au Mexique. Ses recherches examinent les paysages politiques humains/posthumains, le capitalisme agraire, le colonialisme et les processus de racisation, et la sensibilité archéologique comme mode d’appréhension et de construction du passé. Il est l’auteur de Reluctant Landscapes: Historical Anthropologies of Political Experience in Siin, Senegal (University of Chicago Press, 2018).


15h à 15h30
De la strate à l’abîme : la coupe géologique au principe d’un cinéma du temps profond
Par Elie Raufaste, études cinématographiques, université Paris Cité

Des films pédagogiques consacrés à la préhistoire (Karel Zeman, Le Voyage dans la préhistoire, 1954) aux films de fiction abritant des scènes d’excavation et de fouille archéologique (Memoria, Apichatpong Weerasethakul, 2021), en passant par l’oeuvre tripartite de Robert Smithson associant earthwork, film et textes (Spiral Jetty, 1970), un certain cinéma ménage, à l’écran, une place aux cartes et schémas géologiques, brouillant les frontières entre archéologie et sciences de la Terre. À l’image du héros de La Jetée pointant son doigt hors de la coupe de séquoia, dont les cernes agissent comme une mesure fossile du temps, ces films reposent sur des représentations contradictoires, qui oscillent entre horizontalité et verticalité : pour en rendre compte, on suivra l'hypothèse que la coupe géologique y agit comme une image de la pensée, passant du statut d'objet, de document scientifique présent comme tel à l’écran, à un statut abstrait, détourné vers la forme et la structure des films.

Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, Elie Raufaste est doctorant contractuel en études cinématographiques à l’Université Paris Cité, sous la direction d’Emmanuelle André et de Robert Bonamy. Ses recherches portent sur les figurations de la préhistoire au cinéma et dans l’art contemporain.


15h30 à 16h
L’exposition des fragments éclatés. Jean-Luc Godard et l’archéologie, une dernière fois
Par Stéphanie Serra, cinéma et arts visuels, université de Lausanne et ECAL

Il s’agira de repartir d’une définition de l’archéologie comme l’étude qui part de vestiges pour reconstituer une histoire, pour essayer d’observer comment le dernier film en date de Jean-Luc Godard, Le livre d’image (2018) et son déploiement au Château de Nyon (2020) questionnent la pratique bien plus ancienne de l’artiste au collage et décollage de fragments : se retourner sur la contrainte du film pour résoudre dans l’espace par l’exposition des traces sonores et visuelles déliées.

Chercheuse et enseignante en Arts Visuels à l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL), Stéphanie Serra s’intéresse aux liens tissés entre la littérature et l’image en mouvement dans le champ de l’art contemporain. Ses projets de recherche portent sur la déliaison texte-image dans les films français des années 1960 à 1980 ainsi que sur les expositions et films de commande de Jean-Luc Godard (bande annonce, scénario filmé, et court métrage de commande - publicité, clip musical, ou commande institutionnelle). Elle travaille actuellement sur une thèse sous la direction de François Bovier, et participe à un programme transnational de recherche entre l’ECAL et Paris-VIII sur l’émergence de l’art video en Europe.


16h à 16h45 : Discussion


16h45 à 17h : Pause