Naples à Paris

7 juin 2023 – 8 janvier 2024

Passée

Passée

  • vue de l'œuvre Entre douleur et paix, un nouveau regard sur la crucifixion - 1

1 sur 1

Entre douleur et paix, un nouveau regard sur la crucifixionMasaccio (Tommaso di ser Giovanni di Mone Cassai, dit)
Crucifixion
1426
Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte

Lorsque tout est achevé

Destiné à figurer au sommet d'un polyptyque commandé à Masaccio en 1426 pour la chapelle consacrée à saint Julien de l'église carmélite de Pise, ce panneau propose une scène de crucifixion figée à un moment légèrement ultérieur à celui habituellement représenté. Ici, le Christ est déjà endormi dans le sommeil de la mort. Le centurion a déjà frappé son côté d'un coup de lance, provoquant une sanglante blessure. On retrouve, à gauche, la Vierge Marie, enveloppée dans un ample manteau bleu qui ne laisse apparaître que son visage de profil et ses mains jointes, et, à droite, l'apôtre saint Jean, dans un vêtement bleu et rouge. Au pied de la croix, l'opulente chevelure de Madeleine émerge d'un manteau écarlate, tandis que ses mains se dressent vers le ciel.

De la douleur à l'apaisement

L'artiste établit un fort contraste entre le Christ, au corps blafard figé dans la mort, et les trois personnes endeuillées, aux chairs rosées, qui expriment avec intensité la douleur qui les étreint. La Vierge, les mains serrées, semble abîmée dans son chagrin, tandis que le visage de saint Jean exprime par son regard abattu la désolation de son âme. Madeleine, tombée à terre, manifeste l'attitude d’une suppliante. Au contraire, le Christ semble dormir. De l'horrible supplice ne persistent que les plaies traditionnelles aux mains, aux pieds et au côté, et la torsion des jambes attachées à la croix. La couronne d'épines est à peine perceptible. Le visage du Christ dégage une étrange impression de paix, comme s'il était plongé dans une méditation profonde. Au-dessus de la croix, ce n'est plus l'écriteau de la condamnation qui apparaît, mais un arbre de vie.

Du Moyen Âge à la première Renaissance

Gardant certains critères des peintures médiévales, et notamment le fond doré sans doute apprécié par le commanditaire, l'œuvre traduit un renouveau du langage pictural propre à la Renaissance. Remarquez comme la tête du Christ semble enfoncée dans ses épaules. Le panneau étant destiné à être présenté en hauteur, ce procédé permet de rendre l'illusion d'un visage penché vers l'avant. Il constitue, pour Sébastien Allard, « l’une des premières tentatives de l’histoire de l’art pour rendre la vision perspective da sotto in sù ».