L’Egypte augmentée au musée du LouvreL’Egypte augmentée au musée du Louvre

LA CHAMBRE DES ANCÊTRES

Dans le grand temple d’Amon-Rê à Karnak, le pharaon Thoutmosis III (XVIIIe dynastie, vers 1480-1425 av. J.-C.) avait fait spécialement décorer une chapelle pour afficher sa royale généalogie. Connue comme la « Chambre des Ancêtres », elle livre, sur les registres superposés de ses parois, les représentations stéréotypées de plusieurs dizaines de rois d’Égypte. Assis sur leurs trônes, les uns derrière les autres, coiffés du némès, l’uraeus au front, leurs noms sont inscrits dans des cartouches. La liste n’est pas exhaustive mais soixante-et-un souverains s’y côtoient, appartenant à neuf des dix-sept dynasties qui précèdent le règne de Thoutmosis III. Ce dernier est figuré debout devant eux, dans l’attitude de l’offrande. Le décor sculpté en bas-relief, autrefois peint, était déjà lacunaire lorsque Emile Prisse d’Avennes en fit démonter, en 1843, les blocs encore conservés. Il les fit transporter en France et dessina de sa main les motifs manquants. C’est ainsi qu’ils sont encore présentés aujourd’hui au Louvre depuis 1922.

LE NAOS D’AMASIS

Sous la XXVIe dynastie, il y avait dans l’ouest du delta, un temple dédié au dieu Osiris. Le pharaon Amasis (570 - 526 av. J.-C.), probable bâtisseur du temple, a fait figurer son nom sur le naos de granit rose du sanctuaire. Un naos est une petite chapelle, de pierre ou de bois, qui, dans chaque temple, abritait l’effigie du dieu auquel il était consacré. Le Naos d’Amasis fut retrouvé au xixe siècle dans la ville moderne de Kôm el-Akhmar « la Butte Rouge » et il est parvenu jusqu’à nous après bien des péripéties, sans la statue divine qu’il avait contenue, ni les portes de bois qui le fermaient dans l’Antiquité. Chaque jour, le rituel faisait que les prêtres ouvraient ces portes et offraient au dieu qui, vêtu avec soin, recevait offrandes alimentaires et boissons, purifiées par des libations et fumigations. Monolithique, taillé dans un seul bloc de granit, le naos porte sur ses parois extérieures les représentations des nombreuses divinités qui forment la « garde rapprochée » du dieu Osiris.

L’OBÉLISQUE

L’obélisque, qui date du règne du pharaon Ramsès II (XIXe dynastie, vers 1279-1213 av. J.-C.), était placé devant la façade du temple de Louqsor. Il fut offert en novembre 1830 à la France par le wali (vice-roi) d’Égypte Méhémet Ali. Après dépose, descente du Nil, traversée de la Méditerranée et remontée de la Seine, il arriva à Paris le 23 décembre 1833 et fut érigé Place de la Concorde le 25 octobre 1836 devant le roi Louis-Philippe sur un balcon de l’Hôtel de la Marine et une foule de 200.000 Parisiens. Pourtant, le choix de la place était loin d’aller de soi à l’époque, les « urbanistes » et les « égyptomanes » (dont Champollion), s’affrontant sur le sujet : la place de la Concorde pour les premier versus la Cour Carrée pour les seconds. Ou encore, puisque les deux obélisques nous avaient été offerts et de la même façon que devant le temple de Louqsor, la façade d’un monument : Panthéon, colonnade du Louvre ou Madeleine. C’est finalement la place de la Concorde qui fut plébiscitée par la population consultée sur le sujet

LE ZODIAQUE DENDERA

Comme la Pierre de Rosette et en même temps qu’elle, le Zodiaque fut reconnu dès sa découverte des officiers et des savants de l’expédition de Bonaparte comme un monument décisif vers la compréhension de la civilisation pharaonique. Puisqu’il y a plusieurs phénomènes astronomiques figurés – dont les douze constellations du zodiaque, les cinq planètes connues à l’époque, deux éclipses du soleil et de la lune – le plafond de cette chapelle de l’un des plus beaux temples de la Haute-Égypte, celui de la déesse Hathor à Dendéra, fut porteur d’un immense espoir : offrir pour la première fois une date à la civilisation égyptienne. Dominique-Vivant Denon en publie dès 1802 un premier dessin qui déchaîne les hypothèses astronomiques les plus péremptoires et le Zodiaque devient si célèbre que le pacha d’Égypte donne l’autorisation de sa dépose en 1821. Louis XVIII consent à l’acheter en 1822 pour le Cabinet des Médailles. Mais l’Église et le pape Léon XII sont inquiets : si toutefois elle s’avérait par exemple antérieure au Déluge, la date pourrait remette en cause la chronologie biblique. Jean-François Champollion que l’on voit souvent à Rome à copier les textes des obélisques, est sollicité par le pape et rassure tout le monde en proposant – sur des arguments archéologiques et non astronomiques – 50 après J.-C. Aujourd’hui, grâce aux hiéroglyphes des inscriptions dédicatoires sculptées sur le temple mais également grâce aux deux éclipses représentées, on sait que le temple tout entier fut fondé en 54 avant J.-C., sous le règne de la grande Cléopâtre.


Pour aller plus loin :

Le fac-similé du Zodiaque ; Eric Aubourg, « La date de conception du zodiaque du temple d’Hathor à Dendera », Bulletin de l’Institut français d’archéologie orientale, t. 95, 1995, p. 1-10

Sylvie Cauville, Le Zodiaque d’Osiris, Éditions Peeters, 1997.