Le Louvre espace de l'alphabet à venir

Poésie du Louvre

Le 14 mars 2024

« Maison des artistes au travers des formes, le Louvre est celle des poètes qui fabriquent avec les mots de nouvelles voies du sens. »

Laurence des Cars

Des poètes qui l’ont fréquenté (Baudelaire, Apollinaire et tant d’autres) aux œuvres qui y sont conservées, telle la tablette portant l’Hymne à Inanna de la poétesse mésopotamienne Enhéduanna – plus ancien poème dont l’auteur est connu, ou le dessin de Marine Terrace d’Hugo récemment acquis pour le département des Arts graphiques, le Louvre vit la poésie comme une respiration intime. L’invitation, passée à cent-trois figures poétiques contemporaines majeures, à composer un poème sur le Louvre, participe de cette relation privilégiée. L’ouvrage qui en est né - Poésie du Louvre, témoigne de ce que le Louvre constitue un espace commun, abolissant les origines, les langues, les générations. Le dispositif sonore qui le prolonge au sein du Louvre médiéval, lecture par chaque auteur de son poème, dans sa langue, installe de façon sensible la poésie au cœur du palais devenu musée.

Adonis, né en 1930 Ali Ahmad Saïd Esber à Qassabine, dans le nord de la Syrie, est un des grands modernisateurs de la langue arabe et de la poésie dans son ensemble. Convié à parcourir le département des Antiquités orientales, il livre dans Le Louvre, espace de l’alphabet à venir, poème en sept tableaux, une vision sensible de l’espace historique et culturel allant de la Mésopotamie à la Méditerranée, « terre d’Ishtar initiée au tragique, comme si elle recevait les catastrophes, comme si c’était un chaos cosmique que l’espace ne peut embrasser et dépasser, telle cette terre elle-même ». Adonis, dont le nom évoque le Tammuz babylonien, tisse des liens entre passé et présent, Orient et Occident. Il convoque la statue d’Ayn Ghazal, vigie silencieuse au regard sage de plus de huit-mille ans, Gilgamesh et Enkidu, Hammurabi le législateur, Ishtar et Vénus, et décline la géographie de cette terre fertile Tigre, Euphrate, Sumer, Babylone, Assur, Palmyre, Ugarit, Byblos et jusqu’au Nil.

Premier poète de l’humanité dont les textes nous soient parvenus, femme, fille de Sargon d’Akkad, prêtresse du dieu Nanna à Ur, en pays sumérien, Enhéduanna dialogue avec Adonis, comme elle fils de l’exil.  « Je m’approche de la lumière et c’est l’éclat qui me brûle, Je m’approche de l’ombre – dans toute chose réside la tempête » écrit Enhéduanna, « Le secret, le caché, l’obscur scintillent dans le paraître, le clair, le direct. L’absence est le seuil de la présence. » répond Adonis.

 A travers les siècles et les langues, vingt-quatrième avant, vingt-et-unième après, akkadien, sumérien, arabe, français, leurs voix se mêlent dans l’espace du Louvre, espace de la création.

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