Impressions

11 Mai 2023

Impressions

ColloquesCinéma

11 Mai 2023

Présidence :  Pascale Raynaud (programmation cinéma, musée du Louvre)


14h30-15h15 : Impression.
A propos de: De l’hospitalité (La Caverne de Polyphème ou l’Invention du Malentendu, Etienne Chambaud, Fr., 2010, 23 min).

Projection et discussion entre Etienne Chambaud (artiste) et Christophe Viart (arts plastiques, université Paris 1).
Installation sur les promenoirs de l’auditorium du 11 au 13 mai 2023.


Le film d’Etienne Chambaud a été tourné dans une grotte sicilienne située sur l’Etna. La légende veut qu’elle ait été l’antre du cyclope Polyphème, à qui Ulysse aurait crevé l'œil, après avoir prétendu se nommer Personne. La grotte est à la fois un paysage mythologique et le lieu de naissance du malentendu, ou encore de la polysémie. Si le film révèle l’espace de la grotte, en celle-ci l’image du film à son tour se reflète : sur un plan matériel, la grotte est un lieu de stratification où se superposent les couches de lave et de glace à la manière dont l’image impressionnée sur la pellicule est composée d’un feuilletage de couches d’émulsion. Le dispositif du film vient alors coïncider avec son argument scénographique, associant en une contradiction non résolue le pouvoir d’animation du cinéma et le thème de la pétrification : il fonctionne à la manière des grottes artificielles de la Renaissance italienne où se mêlent de manière indistincte sculptures fantasmagoriques et concrétions minérales tandis que s’efface la distinction entre nature et artefact.

Artiste français né en 1980, Etienne Chambaud se nourrit de la littérature, de l’histoire de l’art, de la philosophie, du cinéma, et compose des oeuvres qui interrogent les relations entre les objets, leurs contextes d’apparition,  la manière dont ils sont nommés, référencés, racontés. Il a présenté son travail dans de nombreuses institutions et galeries, en France et à l’étranger, notamment en 2009 au Palais de Tokyo, Paris, en 2018 à La Kunsthalle, Mulhouse, ou en 2019 à la Triennale d’Okayama, Japon. Il est représenté par les galeries Esther Schipper à Berlin et Labor à Mexico.

Christophe Viart est artiste et professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l'école d'art de Rennes. Ses recherches s’intéressent aux théories de la fiction et à celles des images, aux correspondances entre les arts plastiques et les autres arts, aux discours des artistes, aux sciences et aux techniques de l'exposition.


15h15-16h15
Moulages. Autour du "Canova mutilé" (Jacques Deschamps, Fr., 1993, 35 min).

Projection suivie d’une discussion avec Jacques Deschamps, réalisateur et Elisabeth Le Breton, musée du Louvre, animée par Dominique de Font-Réaulx, musée du Louvre

En 1917, une bombe autrichienne endommage la gypsothèque de Possagno où, depuis 1820, sont conservés les plâtres originaux de Canova. Le film part des plaques photographiques qui furent faites en 1918 après ce bombardement pour permettre la reconstitution des plâtres, et qui ont été retrouvées des décennies plus tard. Images surréalistes de sculptures amputées, éventrées, déchiquetées, témoignages et archives filmées, il fait ressurgir la guerre qui se déroula en Italie du Nord.

Né en 1956, diplômé de l’IDHEC, Jacques Deschamps a écrit et mis en scène des longs-métrages de fiction (Méfie-toi de l’eau qui dort, 1996, primé au Festival de Venise, La Fille de son père, 2001, Don Quichotte ou les mésaventures d’un homme en colère, 2005, Tsunami, 2016) et une vingtaine de films documentaires, dont La Ville d’Hugo (1987), Le Regard ébloui (1988), Canova mutilé (1992), Assise vers 1300 et Paris 1824 (coproduits par le Louvre, 2002-2003), La Victoire de Cézanne (2006), Romanès (2012), Les Petits Maîtres du Grand Hôtel (2019), L'accroche et la chute (2021). Il intervient régulièrement au Master documentaire de Lussas-Grenoble et à la Femis.

Dominique de Font-Réaulx est conservateur général au Musée du Louvre, chargée de mission auprès de la Présidente du musée. Elle a été directrice de la Médiation et de la Programmation culturelle au Louvre de 2019 à fin 2022 ; elle a dirigé le musée national Eugène-Delacroix de 2013 à 2019 ; elle a coordonné le projet du Louvre Abu Dhabi au sein du Louvre de 2008 à 2013. Elle a été commissaire de très nombreuses expositions en France et à l'étranger.  Elle a dirigé de nombreux catalogues d’exposition, d’ouvrages et d’actes de colloques et publié notamment Peinture et photographie, les enjeux d’une rencontre, chez Flammarion, en 2012, réédité en 2020, et Delacroix, la liberté d’être soi, chez Cohen&Cohen en 2019, qui a reçu le Prix Montherlant de l’Académie des beaux-arts.  Elle enseigne à Sciences po, au sein de l'Ecole d'Affaires publiques, où elle est conseillère scientifique de la filière Culture ; son enseignement porte sur les enjeux des musées et du patrimoine. Elle est, depuis janvier 2018, rédactrice en chef de la Revue Histoire de l’art, dédiée à la publication des travaux des jeunes chercheurs.  Elle préside le Point du Jour, centre d’art d’intérêt national, à Cherbourg.

Elisabeth Le Breton, est historienne de lart et archéologue française, diplômée de lEcole du Louvre et de lUniversité de Paris I Panthéon - Sorbonne. Elle entre au musée du Louvre en 1988. Conservatrice du Patrimoine au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, elle est responsable de la collection de plâtres dantiques conservée dans la gypsothèque du musée du Louvre dans les écuries du roi à Versailles. Ses travaux scientifiques lont conduite à sintéresser à lidentification des différentes pratiques techniques de mise en forme des modèles, seule clef pour obtenir une « carte didentité » permettant la datation des plâtres les plus anciens (Collection du roi Louis XIV Académie royale de peinture et de sculpture), en lien avec lhistoire de la découverte des œuvres originelles et aux appropriations des modèles grecs antiques dans lantiquité, puis grecs et romains du XVIe au XXe siècle. Ainsi, naturellement, au cours d'un travail instruit depuis 2001, sest imposé depuis plus de 10 ans l’étude complémentaire des plâtres à l'Académie de France à Rome - Villa Médicis qui est venue enrichir le discours lappropriation de lAntique en France, puis en Europe. Ces travaux donnèrent lieu à de nombreuses publications et commissariats dexpositions : « Une Antiquité Moderne » à la Villa Médicis en 2019 connut un grand retentissement. En 2011, elle fonde les « Rencontres du réseau national des gypsothèques ».


16h15-16h30 Pause