La Momiede Shadi Abdessalam

12 Mai 2023

La Momie

de Shadi Abdessalam

Films

12 Mai 2023

Film présenté par Anne-Violaine Houcke, études cinématographiques, université Paris Nanterre.
Anne-Violaine Houcke est maîtresse de conférences en esthétique, histoire et théorie du cinéma et de l’audiovisuel à l’Université Paris Nanterre. Ancienne élève de l’ENS-Ulm et agrégée de lettres classiques, elle a mené ses premières recherches sur le terrain de la littérature gréco-latine et de l’archéologie, avant de se déplacer vers le cinéma. Sa recherche articule désormais ces divers champs. Elle travaille notamment sur le cinéma moderne – sur le cinéma italien en particulier, sur les (ré-)inventions cinématographiques de l’antiquité, et sur les relations entre cinéma et archéologie. Elle a publié en 2022 L’Antiquité n’a jamais existé. Fellini et Pasolini archéologues. Elle est responsable du projet de recherche « temps réInventés : Cinéma, Antiquités, ARchéologie » (ICAAR, labex Les passés dans le présent), à l’origine de ce colloque. Elle a également été pensionnaire de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, où elle a travaillé avec la photographe et réalisatrice Cecilia Mangini, et prépare une monographie sur son œuvre.


La Momie (The Night of Counting the Years) de Shadi Abdessalam
Egypte, 1969, 122 min
Dans le cadre du "Colloque Cinéma et Archéologie", les 11, 12 et 13 mai 2023


La version originale du film a été numériquement restaurée par World Cinema Foundation, avec le soutien du Ministère égyptien de la Culture.
Copie 35 mm restaurée,
Cineteca di Bologna


1881, au Caire. Le Service des antiquités, dirigé par le Français Gaston Maspéro, voudrait mettre un terme au trafic d’objets anciens, en pleine recrudescence. Un archéologue, Ahmad Kamal, s’attèle tout particulièrement à cette rude tâche. Cependant, dans les montagnes du Deir El Bahari, Wannis succède à son père et prend la tête de la tribu des Hourabât. Il ne tarde pas à comprendre que depuis toujours, les siens fouillent les tombes des pharaons et revendent au marché noir le produit de leurs rapines. Bien décidé à mettre fin à cette lente destruction de la mémoire nationale, il se tourne vers les Occidentaux…

Premier et unique long métrage de Shadi Abdessalam, La Momie est un projet porté de nombreuses années par son auteur, passionné d’égyptologie, avant de pouvoir être réalisé. Né en 1930 à Alexandrie, Shadi Abdel Salam a étudié le théâtre à Paris, Londres et Rome. De retour en Egypte, il se forme à l’architecture aux Beaux-Arts d’Alexandrie, puis devient costumier, décorateur de cinéma, et collabore avec Youssef Chahine, Joseph L. Mankiewicz, Jerzy Kawalerowicz ou encore, Roberto Rossellini (qui l’aurait conseillé pour le scénario de La Momie, dont il aurait même supervisé le tirage et la musique).

A travers l’expédition de l’archéologue français Maspéro dans la vallée des Rois en 1881, le film questionne, deux ans après la guerre des Six-Jours, l’identité culturelle et la société égyptiennes, son rapport à l’histoire et la confrontation cruelle entre passé et modernité.

Film envoûtant, admiré par Michael Powell, La Momie est considéré comme un « trésor du cinéma égyptien ». Écrit en prose poétique, tourné en partie en décors naturels (temples, murs, désert, rives du Nil), il déroule un rythme lent et « frappe d’emblée par la beauté de sa photographie et la splendeur lyrique de ses plans ».