
Nouvelles recherches archéologiques sur l’Arménie et l’ancien royaume d’Urartu(8e-7e siècles avant notre ère)
27 Octobre 2025
Nouvelles recherches archéologiques sur l’Arménie et l’ancien royaume d’Urartu
(8e-7e siècles avant notre ère)
27 Octobre 2025
Par Stéphane Deschamps, service régional d’archéologie d’Île-de-France.
La forteresse d’Erebuni, située sur la colline d’Arin Berd dans la banlieue d’Erevan, est une fondation royale du roi Argishti datant environ de 782 av. J.-C. Avec les forteresses d'Argishtihinili (Armavir) et de Teishebai URU (Karmir Blur), il s’agit de l’une des trois principales forteresses fondées par les rois d'Urartu dans la plaine de l'Araxe. Ces forteresses témoignent d’une volonté d’étendre le royaume d’Urartu vers le nord et de contrôler la riche plaine de l’Araxe.
Les premières investigations remontent à la fin du 19ème siècle après la découverte d’une inscription cunéiforme du roi Argishti mais c’est à partir des années 1950 que les premières fouilles d’ampleur y sont menées. Elles se poursuivent jusqu’à la fin des années 1960 puis laissent la place à un important programme de restauration qui accompagne la célébration, en 1968, du 2750e anniversaire de la fondation de la ville d’Erevan.
L’ensemble des vestiges mis au jour est alors attribué à la période urartéenne, hormis une grande salle hypostyle à trente colonnes qui divise : certains auteurs l’attribuent à la période urartéenne, d’autres à la période achéménide.
Dans le cadre d’une mission archéologique arméno-française, de nouvelles recherches ont débuté en 2008 et se poursuivent encore aujourd’hui. Un de leurs objectifs est de mieux comprendre la fin du royaume d’Urartu, mal documentée à l’échelle du Proche-Orient. Cette période de transition, comprise entre le milieu du 7ème siècle et le milieu du 6ème av. J-C, est pourtant marquée par l’effondrement du royaume d’Urartu puis de l’Assyrie et s’achève par l’extension de l’empire perse achéménide.
De ce point de vue, le programme de fouilles mené dans la forteresse d’Erebuni remet en cause nombre d’éléments qui étaient considérés comme acquis et documente pour la première fois cette période de transition qui précède de peu la première mention de l’Arménie dans les sources épigraphiques (inscription de Behistun, Iran, 521-520 av. J.-C.).
Stéphane Deschamps, conservateur général du patrimoine, occupe les fonctions de conservateur régional de l’archéologie à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d’Île-de-France depuis janvier 2016. Après des études d’histoire et d’archéologie à l’université de Caen, puis la direction de fouilles d’archéologie urbaine dans les Pays de la Loire, il rejoint le ministère de la culture en 1987, d’abord à la DRAC des Pays-de-la-Loire, puis en région Centre Val de Loire et en Bretagne. Il a également dispensé un enseignement d’archéologie et de droit de la culture et du patrimoine à l’université de Rennes 2 pendant plus de dix ans.
Après une première mission en Arménie en 1993 à la demande du ministère de la culture arménien, il engage à partir de 1998 un premier programme de collaboration franco-arménien sous l’égide du ministère de la culture, puis du ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères. Ce premier programme fut consacré à l’achèvement de la fouille et de l’étude d’un petit palais de la période achéménide (Beniamin) et ses habitats associés (5ème-4ème siècles av. J.-C.). Depuis 2008, il dirige la mission archéologique française pour l’étude de la forteresse d’Erebuni qui figure, depuis cette année, sur la liste indicative de l’Unesco. Il est auteur ou coauteur d’une quinzaine d’articles sur l’Arménie au premier millénaire avant notre ère et coordonne actuellement une première publication monographique sur le site d’Erebuni. Stéphane Deschamps est rattaché à l’UMR 7041 ArScAn du CNRS, au sein de l’équipe « VEPMO, du Village à l’État au Proche et Moyen-Orient ».