Profondeurs
13 Mai 2023
Profondeurs
13 Mai 2023
Présidence : Barbara Le Maître (études cinématographiques, université Paris Nanterre)
10h30 à 11h
Un art d’enterrement : pratique archéologique du cinéma expérimental
Par André Habib (études cinématographiques, université de Montréal)
Le cinéma dit de réemploi (found footage) a souvent été comparé à la pratique de l’archéologie, déterrant des traces d’un monde oublié, d’une culture matérielle énigmatique, en fragments. À partir entre autres des films des artistes canadiens Louise Bourque (Self-Portrait Post-Mortem, Remains) et Steven Woloshen (The Dead Sea Scrolls), cette communication s'intéressera à cette modalité particulière du found footage qui consiste à enterrer des bobines de films trouvées pour en tirer un profit expressif. Cet art de l'enterrement et du déterrement recoupe un "tournant matériologique" du cinéma expérimental qui, depuis les années 80 et 90, explore les propriétés de la pellicule et ses zones de frictions et de contacts sensibles avec la nature et l'environnement.
André Habib est professeur agrégé au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal. Il est l’auteur de La main gauche de Jean-Pierre Léaud (Boréal, 2015) ainsi que de L’attrait de la ruine (Yellow Now, 2011). Il a codirigé Le cinéma dans l’œil du collectionneur (avec Louis Pelletier et Jean-Pierre Sirois Trahan, PUM, 2023). Il est depuis 2002 coéditeur de la revue électronique Hors champ qu’il dirige depuis 2015. Ses recherches ont porté sur l’esthétique des ruines, la cinéphilie, les archives et le cinéma expérimental de réemploi.
11h à 11h30
Les grands-fonds d’Alain Resnais
Par Pierre Eugène (études cinématographiques, université de Picardie Jules Verne)
Des cendres recouvrant les amants d’Hiroshima mon amour (1959) aux chevaliers du lac de Paladru d’On connaît la chanson (1997), jusqu’à cette étrange taupe surgissant abruptement dans son dernier film, Aimer, boire et chanter (2014), l’œuvre d’Alain Resnais interroge sans cesse la mémoire et l’enchevêtrement des temps à travers des motifs formels et scénaristiques qui puisent bien souvent dans l’iconographie et les gestes de l’archéologie. Prédilection de l’auteur pour la fouille et les espaces souterrains, l’enfoui et l’englouti que cette intervention se propose de passer en revue.
Pierre Eugène est maître de conférences à l’université de Picardie Jules Verne (Amiens) et membre du comité de rédaction des Cahiers du cinéma. Ses champs de recherches tournent autour des écrits suscités par le cinéma, des cinématographies hollywoodiennes classiques et européennes modernes, du cinéma impur. En cours de publication : Serge Daney, exercices de relecture, éditions du Linteau ; Femmes femmes de Paul Vecchiali, éditions Yellow Now.
11h30 à 12h : Discussion
12h à 13h
Surfaces. « Mémoire des lieux et archéologie du support ».
Rencontre avec Emmanuel Piton (artiste), animée par Éric Thouvenel (études cinématographiques, université Paris Nanterre)
Emmanuel Piton est cinéaste, et cofondateur du labo K, un laboratoire d’artistes dédié à la pratique et au développement du film argentique. Ses films, qui oscillent entre l’expérimentation formelle et l'investigation documentaire, prêtent une attention particulière à la mémoire des lieux, et aux gestes qui permettent de la rendre sensible. Cette discussion autour de son travail, accompagnée d'extraits, sera l'occasion de découvrir une pratique singulière d'archéologie en cinéma.
Éric Thouvenel est professeur en études cinématographiques à l’université Paris Nanterre. Membre de l'unité de recherche « Histoire des arts et des représentations » (HAR), il codirige la collection « PUR-Cinéma » aux Presses universitaires de Rennes. Ses recherches portent notamment sur le cinéma expérimental, l'épistémologie des techniques, et le western contemporain. Dernières publications d'ouvrages : Gaston Bachelard et le problème-cinéma (Mimesis, 2020), Les arts et la télévision - Discours et pratiques (PUR, 2019, avec Priska Morrissey).