Claude Gillot

21 mars – 23 juin 2024

Passée

Le Louvre ailleurs

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  • vue de l'œuvre Claude Gillot et l’essor de la fable animalière illustrée - 1

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Claude Gillot et l’essor de la fable animalière illustréeClaude Gillot
Les Animaux comédiens, Livre IV, fable 18, dédiée à Claude Gillot (vignette gravée par Gillot)
Vers 1719
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Inv. 26744

En 1719, paraissent les Fables Nouvelles d’Antoine Houdart de La Motte, en grande partie illustrées par Claude Gillot, qui exécute plus d’une soixantaine de dessins préparatoires, dont la plupart gravés par lui-même.

Une surprenante assemblée

Dédié à Gillot par son auteur, ce texte en vers aborde subtilement la place de chacun dans la vie et dans la société grâce au récit contant l’histoire d’animaux personnifiés. Lion, tigre, chien, renard, taureau et génisse tiennent chacun un rôle qui leur est propre dans cette composition : respectivement l’autoritaire, le conspirateur, le prudent, l’intriguant, le soupirant et la princesse. Un singe, vêtu tel un monarque, s’est hissé sur un promontoire en pierre et prétend pouvoir interpréter l’ensemble de ces rôles à la fois, au détriment de leur justesse d’exécution. Ce manque d’humilité entraîne la raillerie de la part des autres animaux qui ne le prennent désormais plus au sérieux :

« La vie humaine est une pièce,
Où nous avons notre rôle à jouer.
Chacun a le sien propre où Nature le dresse.
Et veut-on prendre un autre ? On se fait bafouer.
 »

Antoine Houdart de La Motte, Fables Nouvelles, 1719, Livre IV, « Les Animaux comédiens », 1719

La fable et la personnification au service de l’éducation

La fable confère à Gillot un moyen d’expression privilégié qui lui permet de convoquer son imagination pour mettre en scène un bestiaire à l’allure comique et théâtrale, dont la fable des Animaux comédiens rend parfaitement compte. Ce genre littéraire, qui apparaît dès l’Antiquité, constitue pour les artistes un vaste champ d’expression leur permettant de se jouer des vices humains. Le registre allégorique, offrant la possibilité de passer de l’animal à l’homme, insiste sur la déraison et délivre un message moralisant qui se traduit chez Gillot dans la figure du singe tourné en ridicule.

Du dessin à l’estampe : un travail sur la picturalité

Conservée au Louvre, cette série de feuilles à la gouache et à la sanguine permet à Gillot de coucher sur papier sa composition avant de la retranscrire à l’eau-forte. Cette technique de gravure consiste à enduire une plaque de cuivre d’un vernis protecteur avant de dessiner par incision à l’aide d’une pointe. L’artiste plonge ensuite cette matrice dans un bain d’acide qui va plus ou moins ronger le tracé du dessin. Il ne reste alors qu’à dévernir la plaque puis à l’encrer pour imprimer l’œuvre. Les contemporains de Gillot, parmi lesquels Pierre-Jean Mariette, l’un des plus importants collectionneurs du siècle, relevaient déjà la qualité des eaux-fortes des Fables Nouvelles, dont l’édition assura la réputation d'aquafortiste de l'artiste.

Les « Fables Nouvelles » d'Antoine Houdart de La Motte

  • Claude Gillot, Les Animaux Comédiens Livre IV, fable 18, dédiée à Claude Gillot (vignette gravée par Gillot), Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Inv. 26744

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