Claude Gillot
21 mars – 23 juin 2024
1 sur 1
De la pastorale à l’invention de la fête galanteClaude Gillot
La Bonne nourrice
Avant 1710
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Inv. 26773
Appartenant à une série narrative d’au moins quatre dessins exécutés par l’artiste avant 1710 et authentifiés par Houdart de La Motte, La Bonne Nourrice est le modèle par excellence du genre de la fête champêtre et a peut-être été traduite à l’eau-forte par le comte de Caylus. Claude Gillot y représente avec une grande douceur un couple formé d’une bergère et d’un soldat au tambour, qui se délassent à l’ombre des feuillages tout en admirant leur nouveau-né.
La pastorale dans la querelle des Anciens et des Modernes
Genre poétique qui cristallise le débat littéraire de la querelle des Anciens et des Modernes, la pastorale conquiert progressivement les beaux-arts et trouve son plus fidèle représentant en la personne de Gillot. Si les Classiques voient en l’Antiquité un sommet indépassable, les Modernes lui opposent la grandeur du siècle de Louis XIV et de ses artistes, qui ont selon eux surpassé l’histoire en tous points. La pastorale, qui dépeint originellement la vie de bergers et de créatures mythiques dans une vision antiquisante, se voit alors renouvelée. Dans des paysages idéalistes et bucoliques qui évoquent l’Arcadie, les artistes représentent des paysans et des bergers contemporains, élégamment vêtus et s’adonnant à des plaisirs simples : la fête champêtre est née, ayant déjà en germes les codes des fêtes galantes développées au XVIIIe siècle par Watteau.
Un traitement singulier dans l’œuvre dessiné de Gillot
D’un esthétisme moins pictural que les scènes de bacchanales et de théâtre de Gillot, ces dessins donnent à voir une autre facette de son œuvre. Dans La Bonne nourrice, indissociable des autres feuilles qui content ce récit rural et romantique (Un joueur de tambour échappé d’une troupe de soldats, La Bergère endormie, Le Tambour et la Bergère), le travail à la plume de Gillot atteste de la précocité de ses talents pour le dessin et l’art de l’estampe. Le trait y est vif, et évoque le rendu d’une composition gravée, ce qui démontre sa volonté de les traduire à l’eau-forte par la suite. Ce rendu très graphique diffère de celui du lavis de sanguine dont il fait largement usage dans ses compositions comiques.
L'art de la pastorale
Claude Gillot, La Bonne Nourrice, Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Inv. 26773
1 sur 5