
Dessins des Carrache
5 novembre 2025 – 2 février 2026
La force expressive du dessinAnnibale Carracci
Étude d’expression pour la figure de la mère dans « Les Frères de Catane »
Pierre noire et craie blanche sur papier, 18,6 x 26,7 cm
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, INV 7312 recto
Tout juste arrivé à Rome, Annibale Carracci se voit confier par Odoardo Farnèse la décoration du Camerino, une petite pièce au sein du palais Farnèse. La réalisation de ce décor préfigure la décoration de la plus vaste et ambitieuse Galerie Farnèse.

Ce dessin est une étude préparatoire à la fresque des « Frères de Catane » au sein du Camerino. Annibale Carracci s’y concentre sur l’expression et la position des bras de la femme. Le reste du corps est à peine esquissé, mais on devine les formes grâce à quelques traits légers. Le modèle, malgré l’apparence féminine de la figure, pourrait avoir été masculin, comme le suggèrent la carrure et la musculature des bras. Cette étude révèle la méthode de travail d’Annibale : une observation attentive du réel et la reproduction du corps humain d’après nature.

La scène évoque un épisode relaté dans les sources grecques antiques : lors d’une éruption de l’Etna, les habitants de Catane prennent la fuite, emportant biens matériels et richesses au dépend des plus faibles, laissés à leur propre sort. À l’inverse, deux frères, Amphinomos et Anapias, portent leurs vieux parents et les aident à s’enfuir. Leur mère, saisie d’effroi, est ici dessinée par Annibale Carracci. Cet épisode est une belle illustration de la piété filiale, l’une des vertus immortalisées dans le Camerino.

Le programme iconographique du Camerino, élaboré avec Fulvio Orsini, érudit et bibliothécaire de la famille Farnèse, se déploie autour des vertus, comme un guide moral pour le jeune commanditaire. Il puise son inspiration dans les récits antiques, dont certains ont récemment été redécouverts. En parallèle, Annibale Carracci, à peine arrivé à Rome, observe des œuvres antiques qui étoffent son répertoire visuel. C’est en associant ce contexte et l’étude précise du corps humain par le dessin, qu’Annibale Carracci a travaillé sur les fresques du Palais Farnèse.

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