Naples à Paris

7 juin 2023 – 8 janvier 2024

Passée

Passée

  • vue de l'œuvre La Danaé de Titien ou l'art de l'érotisme lumineux - 1

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La Danaé de Titien ou l'art de l'érotisme lumineuxTitien (Tiziano Vecellio, dit)
Danaé
1544-1545
Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte

Une commande hors du commun

Lorsque Titien, alors à Venise, reçoit la commande de ce tableau pour le cardinal Alexandre Farnèse, il a déjà peint un autre nu féminin, la célèbre Vénus d'Urbino. Ici, Danaé dénudée reçoit la pluie d'or en laquelle Zeus s'est métamorphosé pour l'atteindre. On a longtemps cru ou voulu croire, en raison du scandale, que la commande venait du frère d'Alexandre Farnèse, Ottavio, et non de celui qu'on appelait le Grand Cardinal et qui avait reçu la barrette à l'âge de 14 ans. On sait par un courrier du nonce apostolique à Venise qu'en fait Alexandre Farnèse avait bien fait parvenir au peintre un croquis de sa maîtresse Angela et qu'il destinait l'œuvre à ses appartements privés.

Un corps doucement modelé par la couleur

Cette Danaé est une œuvre d'un érotisme puissant et délicat. La posture abandonnée de la jeune femme sur un empilement de coussins, ses jambes légèrement écartées et sa nudité soulignée par quelques bijoux, une boucle d'oreille, un bracelet et une bague à l'annulaire, ne laissent aucun doute sur l'intention de l'œuvre. Jouant sur un jeu de couleurs, le peintre a rendu les nuances de la chair dorée, la carnation rosée de la joue, les plis du ventre arrondi, le volume des seins menus ou des membres gracieusement alanguis. La radiographie de la peinture ne fait apparaître aucun dessin préparatoire. Titien s'est appuyé sur les nuances de sa palette pour modeler le corps.

Une subtile alliance de l'érotisme et de la grâce

En y regardant de plus près, on trouve dans cette œuvre des caractéristiques qui lui sont propres et qui ne seront pas reprises dans les variantes qu'elle suscitera. Le personnage qui accompagne Danaé est un enfant ailé, Eros. Il observe attentivement la pluie d'or qui tombe du ciel. Nulle vieille femme recueillant les piécettes, comme dans les variantes de l'œuvre, ne suggère un contexte d'amour vénal. Au premier plan, la nudité de Danaé est voilée au niveau de la cuisse qui dérobe son sexe à nos regards. Le visage harmonieux, couronné de cheveux blond vénitien, est tourné vers le ciel dans une pose presque méditative qui ne laisse apparaître complètement que son profil droit. Ainsi le peintre préserve un certain mystère. Conjuguant l'érotisme et la grâce, il donne à ce tableau toute sa force suggestive.

Du palais Farnèse au musée de Capodimonte

Après avoir figuré dans les appartements privés du cardinal à Rome, le tableau a connu bien des vicissitudes. Transféré à Naples par Charles de Bourbon, il fut volé par les troupes nazies pendant la Seconde guerre mondiale et fut offert en cadeau d'anniversaire à Göring, qui le voulait dans sa chambre à coucher. Caché ensuite dans les mines de sel de Salzbourg, il échappa à la destruction programmée par Hitler, grâce à la désobéissance civile des mineurs qui refusèrent d'exécuter l'ordre reçu. Restitué à l'Italie en 1947, il fait maintenant partie de la collection du musée de Capodimonte.

De l'original à ses variantes

  • Titien, Vénus d'Urbino. Florence, Galleria degli Uffizzi

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