La crypte du Sphinx

Mon Louvre par Antoine Compagnon

La crypte du Sphinx

Aujourd’hui, j’ai décidé de visiter les Antiquités égyptiennes, sagement, studieusement, comme je le faisais quand j’avais dix ans, ne sachant rien, curieux de tout. Je commence comme un bon élève par la crypte du sphinx (Sully, salle 338). J’aimerais suivre une famille, des enfants dans leur pérégrination, adopter leur rythme, imiter leurs accélérations, leurs arrêts prolongés. Ici, devant le sphinx, carrefour généralement très encombré, c’est soudain l’accalmie. Une seule famille contemple le sphinx, le père, la mère et deux fils, un adolescent un peu en retrait, avec un sweat à capuche, et un tout petit, cinq ans peut-être, qui porte des lunettes et que l’on dirait fasciné par le lion accroupi à tête d’homme. C’est sûrement sa première visite au Louvre, peut-être aussi à Paris. Il lève la tête vers le colosse de granite rose, cherche ses yeux. Il n’oubliera pas sa journée.