Dessine-moi un chef-d’œuvre : le sacre de Napoléon comme si vous y étiez
CréationSpectacle
Après une première saison couronnée de succès, le trio composé de la dessinatrice Laetitia Coryn, du musicien Axl-s et de l’auteur Nicolas Lafitte retrouve la scène de l’auditorium Michel Laclotte. L’ambition est restée la même : décortiquer les chefs-d’œuvre du Louvre, dans une mise en scène à la fois drôle, poétique et didactique. Au menu de ce mois d’octobre : Le Sacre de Napoléon de Jacques-Louis David.
En ce samedi après-midi d’octobre, l’auditorium Michel Laclotte bruit de la rumeur grandissante d’un jeune public venu découvrir le Sacre de Napoléon de Jacques-Louis David, lors d’une conférence d’un genre un peu particulier. « Je ne sais pas du tout à quoi m’attendre, je me demande bien à quoi le spectacle va ressembler », reconnaît d’ailleurs Christine, venue avec Lisa, sa petite-fille de 7 ans. Laquelle semble réticente à consulter le programme tendu : « Elle est toujours comme ça : au départ, elle traîne un peu les pieds pour venir ici, mais après elle apprécie. » Verdict attendu à la fin de la performance.
Laquelle commence tambour battant. Prenant prétexte d’un exposé commun à rendre le lendemain sur Le Sacre, le trio composé de la dessinatrice Laetitia Coryn, du musicien Axl-s et de l’auteur Nicolas Lafitte se lance dans son jeu favori, « Dessine-moi un chef-d’œuvre ». La règle est simple et désormais connue du public : dos au tableau projeté sur un écran géant, Laetitia tente de reproduire l’œuvre en suivant la description de ses acolytes. « Mariage princier », « 191 invités », « superbe Joséphine », « couronne », « Pie VII », « sacre de l’empereur »… Pendant deux minutes, les mots-clés fusent jusqu’à la présentation du résultat. Hilarité dans la salle. « On dirait un défilé de la fashion week, Laetitia ! Mais qu’est-ce que t’as fait ? », se décompose Nicolas. La critique, mêlée de surprise, est légitime.
Napoléon, influenceur Tik-Tok
La dessinatrice a en effet opéré quelques confusions : l’hermine impériale a cédé la place à un animal bien vivant, et le “sacre’’ a perdu ses deux dernières lettres au profit d’un sac pendant au bras de Napoléon. De quoi déclencher une nouvelle vague de rires dans la salle, et poser les bases d’un spectacle dans lequel humour et codes contemporains s’entremêlent, au service d’une certaine idée de la pédagogie.
Ainsi Napoléon apparaît-il à l’écran sous les traits d’un influenceur Tik-Tok, pour illustrer le sens aigu de la communication de l’homme qui a inspiré plus de 80 000 livres. La Révolution française est portée par un « Ah ça ira » teinté d’électro, pendant que sous le feutre noir de Laetitia Coryn, un Louis XVI alité interroge : « C’est une révolte ? » Quant à Jacques-Louis David, c’est sous la forme d’une interview radio fictive que sa voix résonne, déroulant sa biographie et commentant l’évolution de sa peinture jusqu’au Sacre.
Une œuvre dont les principaux défis, de l’exécution des visages à la diffusion de la lumière, en passant par le choix de la mise en scène – qui de Joséphine ou de Napoléon devait être représenté sur le point d’être couronné ? – sont habilement présentés par Nicolas Lafitte. « Voilà, en quatre minutes, vous venez de comprendre la peinture néo-classique, et l’influence de la Révolution sur le travail de David ».
Chanson et reconstitution immersive du Sacre
Alors que Laetitia Coryn se concentre sur une nouvelle version de son interprétation du Sacre, Nicolas Laffite se lance dans une reconstitution immersive et médiatique du 2 décembre 1804. Transformé en cours impériale, l’auditorium se peuple soudain d’autant de personnalités apparaissant sur le tableau. Des membres du public se prêtent au jeu de rôle, incarnant ici un duc de Saxe, là une princesse, saluant l’assistance qui les applaudit chaleureusement. On poursuit sur le ton du commentaire sportif : « Napoléon vient de prendre la couronne des mains du pape Pie VII et la place sur sa tête ! Oh lalalala ! Mais c’est fou ! » Hilarité générale et salve d’applaudissements.
Laetitia Coryn dévoile alors sa dernière planche. Tout est là : Napoléon plus impérial que jamais, Joséphine prête à assumer son nouveau rang, le pape Pie VII grimaçant et une assistance aux nombreux visages. Le charme a opéré, la salle est admirative. Quand les lumières se rallument, Lisa est enthousiaste : « Je veux aller voir le vrai maintenant ! ». Objectif atteint !