La Joconde, exposition immersive
Le Louvre ailleursMarseille
Elle arbore le sourire le plus célèbre de la planète : commentée, volée, copiée, détournée, la Joconde est une icône qui fascine depuis près de quatre siècles. Au-delà des faux-mystères et des clichés, que nous révèle ce portrait de Monna Lisa ? Pourquoi ce tableau est-il le plus connu au monde ? Réponse au Palais de la Bourse de Marseille, du 10 mars au 21 août 2022.
L’origine du mythe
Né à Vinci en 1452, Léonard se forme à Florence, la grande capitale des arts. A 30 ans, il s’installe à Milan où il s’impose comme le plus grand maître de son temps, en peignant la Cène. En 1500, il revient à Florence où il rencontre Lisa Gherardini, l’épouse de Francesco del Giocondo, un riche marchand de soie. Il commence le portrait de Monna Lisa (c’est-à-dire Madame Lisa) qu’on appelle aussi « la Gioconda », en français « la Joconde », féminisation du nom de son mari.
Ce tableau devient un défi pour Léonard qui veut donner une impression de vie à Monna Lisa. Commencé à Florence au moins dès 1503, le portrait fascine ses contemporains mais reste toujours inachevé à sa mort en France en 1519. La Joconde devient le testament artistique mais aussi scientifique de Léonard de Vinci. Le roi François Ier l’achète pour une somme considérable et la place au château de Fontainebleau. Au 17e siècle, Louis XIV l’installe à Versailles. Le tableau est transféré au musée du Louvre à la Révolution française. Au 19e siècle, il est exposé dans la salle des chefs-d’œuvre, le Salon Carré, et depuis 1966 dans la Salle des États.
Un portrait vivant
Au cours de la Renaissance, aux 15 et 16e siècles, le genre du portrait se développe et se renouvèle considérablement. Le portrait doit reproduire fidèlement les traits du visage. Il sert aussi à révéler le statut social du personnage et ses convictions, par sa tenue, son attitude ou un objet. Le portrait de Monna Lisa a peut-être été commandé par Francesco del Giocondo, son mari, pour célébrer sa beauté et sa vertu, tout comme son statut de femme de riche marchand de soie. Mais Léonard de Vinci donne encore plus d’ambition à son portrait : il veut faire vivre Monna Lisa, en créant l’illusion de ressentir sa présence physique et d’approcher ses pensées.
Sous observation
La Joconde est peinte sur un panneau de bois très fragile car sensible aux variations de température et d’humidité. Cela explique sa conservation dans une vitrine climatisée et sécurisée. Chaque année, conservateurs, restaurateurs et scientifiques contrôlent également son état par des examens visuels et de l’imagerie de laboratoire très sophistiquée. Ces analyses permettent de connaître tous les détails de la peinture, comme la zone brune informe, juste au-dessus du parapet à droite, qui est une partie encore inachevée du tableau. On comprend mieux aussi la technique picturale virtuose de Léonard de Vinci, et notamment son célèbre effet de « sfumato », c’est-à-dire d’estompage des contours et de fusion de l’ombre et de la lumière, qui donne l’impression de vie à Monna Lisa.
Obsession Joconde
Du vivant même de Léonard de Vinci, la Joconde est admirée par ses contemporains. Glorifiée en 1550 par l’historien de l’art Giorgio Vasari qui en fait un immense chef-d’œuvre et le symbole du pouvoir de la peinture, elle est connue de tous les amateurs qui en commandent des copies peintes ou en achètent des gravures et des photographies.
Au cours du 19e siècle, la Joconde n’est plus seulement une merveille de la peinture mais devient l’objet d’une fascination. De grands écrivains, tels George Sand, Théophile Gautier, Jules Verne ou encore Oscar Wilde s’émerveillent devant le charme de Lisa et sont envoûtés par son sourire mystérieux. Les artistes n’échappent pas non plus à l’émerveillement et tente d’égaler voire de surpasser Léonard. Au 20e siècle, ils finissent par moquer ou attaquer le chef-d’œuvre qui en devient toujours plus célèbre.
On a volé la Joconde !
En 1911, à la veille de son vol, la Joconde est très célèbre auprès des amateurs de peinture et des gens cultivés. Son voleur ne l’a pas choisie par hasard. Mais c’est avec sa disparition pendant plus de deux ans que Monna Lisa devient une image très populaire. L’affaire passionne la presse du monde entier qui reproduit son image à l’infini. C’est le début d’une sorte de « jocondomania » qui existe toujours aujourd’hui.
Hormis ce vol spectaculaire, la Joconde a rarement quitté l’enceinte du Louvre. A chaque guerre (1870, 1914-1918 et 1939-1945), elle est mise en sécurité hors de Paris. En 1963, elle est envoyée, telle une ambassadrice, aux Etats-Unis alors présidés par Kennedy. Enfin, en 1974, elle fait son dernier voyage au Japon puis dans l’ex-URSS.
Jocondomania
Depuis le vol de la Joconde en 1911, l’image du tableau n’a cessé de se répandre à travers le monde. Son succès grandit continuellement à partir de la seconde moitié du 20e siècle. Le visage de la Joconde inspire toujours les artistes, notamment dans les nouvelles expressions du land art et du street art. Mais c’est aussi une icône utilisée par la publicité ou reproduite sur des milliers d’objets. Le nom « Monna Lisa » a tout autant de succès. Il sert aux restaurants comme aux salons de beauté, et désigne de multiples choses, telle une variété de rosiers ou de pommes de terre.
Au plus près du tableau, de ses détails et de son histoire, le visiteur peut faire l’expérience d’une approche unique et contempler le tableau comme jamais auparavant pour tenter d’en saisir l’essence et de mieux comprendre le génie de son créateur.
Exposition coproduite par Grand Palais Immersif (filiale de la Rmn - Grand Palais) et par le musée du Louvre
Conseil scientifique : Vincent Delieuvin, conservateur en chef de la peinture italienne du XVIe siècle au musée du Louvre
Scénographe : Sylvain Roca
Direction d’exploitation et production numérique : Artisans d’idées
Réalisateur : Nicolas Autheman
Conception graphique : Sabir Studio
Conception lumière : Aura
Coordination numérique et narrative du projet au sein du Louvre : Dominique de Font-Réaulx, conservateur général, directrice de la Médiation et de la Programmation culturelle ; Maïté Labat, cheffe du service Audiovisuel et Numérique ; Maryam Josheni et Estelle Savariaux, cheffes de projet audiovisuel.