Liaisons : Marlene Dumas entre au Louvre

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Le 25 novembre 2025

Marlene Dumas, née en 1953 en Afrique du Sud et installée à Amsterdam depuis plus de quarante ans, s’est imposée comme l’une des figures majeures de la peinture contemporaine. Première artiste femme à rejoindre la tradition des grands décors peints et des commandes in situ du Louvre, elle présente – à l’occasion de la réouverture du pavillon des Sessions, rebaptisé Galerie des Cinq Continents – Liaisons, un ensemble de neuf toiles spécialement conçues pour le mur de retour à l’entrée de la Porte des Lions. 

L’ensemble Liaisons sera dévoilé à l’occasion de l’ouverture de la Galerie des cinq continents, un espace de rencontre entre les chefs-d’œuvre du Louvre et ceux d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, issus des collections du musée du Quai Branly – Jacques Chirac et du musée Guimet. Liaisons renforce le lien entre la nouvelle Galerie et le département des Peintures, affirme le dialogue entre les œuvres du Louvre et les autres collections nationales, mais aussi celui des époques et des sensibilités dont les cimaises et les espaces du musée sont chaque jour le théâtre. 

Les panneaux de cette commande occupent aujourd’hui la place de quatre reliefs en marbre néoclassiques qui ornaient auparavant cet espace. Liaisons s’inscrit ainsi à la fois dans la trame historique du Louvre et dans ses évolutions contemporaines : « Mes visages sont un mélange du passé et du présent, confie récemment l’artiste à Donatien Grau, le Louvre représente pour moi non seulement l’histoire de l’art de ce qu’on appelle l’Occident, avec ses beautés et ses inhumanités, mais aussi la valeur de la préservation et du partage de l’histoire collective et des interrelations de l’humanité ».    

Au fil des années, Marlene Dumas a fréquenté le Louvre, y puisant des images qui, de manière directe ou indirecte, ont nourri son œuvre : de L’Esclave mourant de Michel-Ange au relief de la déesse Ishtar, jusqu’à la sculpture du satyre Marsyas pendu. Les titres des neuf toiles, qui composent Liaisons, font tantôt taire la matière (Ceramic Silence), tantôt brûler la couleur (Vermilion Heat). Certaines d’entre elles sont directement liées à l’observation des collections du Louvre ; d’autres, comme Alien Apparition, font écho à la vie contemporaine. Quant à Blue Bataille, l’artiste l’a conçue comme une référence à Georges Bataille et à la Sainte Thérèse du Bernin, souligne Jonas Storsve. D’autres figures ont émergé spontanément au fil du travail. Chaque toile naît d’un geste d’émancipation : de la peinture à l’huile diluée versée sur la toile puis déplacée au gré du mouvement, « je suis comme un partenaire de danse dans un jeu de hasard, où la peinture est libre de suivre son propre chemin ». 

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Marlene Dumas devant Liaisons, 2025

Réconciliant peinture et dessin, ces surfaces, imprévisibles et marquées d’irrégularités, révèlent la spontanéité de l’artiste et son goût pour la matière. L’ensemble frappe par ce qu’il évoque d’un régime ancien, presque rituel (que l’on qualifierait aujourd’hui de performatif) des arts, où les formes surgissent de la matière elle-même, où le masque est à la fois ce qui révèle et ce qui dissimule. On se souvient que parmi les premières œuvres de Marlene Dumas à entrer dans une collection publique française figurent Selfportrait as a Black Girl et Selfportrait as an Old Woman, dans lesquelles le jeu autour du déguisement est déjà essentiel.

Pour sa commande, comme dans nombre de ses œuvres, les visages peints occupent tout le cadre. Photographie, clichés de presse, gros plans : la frontalité brouille les registres d’images que l’artiste collectionne et réinterprète sans relâche. Les visages de Liaisons s’épurent jusqu’à faire disparaître les marqueurs traditionnellement associés au portrait comme le sexe, l’âge, la classe sociale. Ces présences, qui affirment leur identité tout en dialoguant avec l’ensemble, tirent une partie de leur force de l’absence de traits sociaux, remplacés par des lignes, des volumes, des aplats et des frottements où se manifeste la peau, le geste, le passage. Marlene Dumas travaille dans l’interstice entre le nu et la nudité, entre la frontalité et le fait de faire front.

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