Nouvelles salles pour les collections étrusques et italiques
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Longtemps exposées à proximité des collections romaines, les collections étrusques et italiques sont désormais présentées dans de nouveaux espaces. Retour sur un redéploiement qui offre un nouvel écrin à des oeuvres majeures, en compagnie de Cécile Giroire, directrice du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines.
Les collections étrusques et italiques sont présentées depuis quelques mois dans de nouvelles salles. Comment sont-elles organisées ?
Le propos s’organise désormais autour de deux espaces. Les collections étrusques ont élu domicile dans la salle Henri-II et dans l’ancienne salle des Bronzes. La salle des Sept Cheminées est quant à elle dévolue aux collections italiques, qui illustrent la diversité des cultures pré-romaines présentes dans la péninsule italienne au premier millénaire avant notre ère.
Pour quelle raison ces collections ont-elles été redéployées ?
Pendant quarante ans, jusqu’en 2020, les collections étrusques et italiques ont été présentées dans trois salles mitoyennes de la Cour du Sphinx, à proximité des collections romaines. Mais cette muséographie avait vieilli, et posait un certain nombre de problèmes, notamment en termes de conservation. Il était donc important de leur attribuer de nouvelles salles.
Pour ces collections, il s’agit plutôt d’un retour aux origines...
Lors de la création du muséum central des arts, en 1793, les collections antiques ont été implantées dans les appartements d’Anne d’Autriche, au rez-de-chaussée, qui constituent la première galerie des Antiques. Les appartements du roi, situés à l’étage, ont progressivement été transformés en espaces muséographiques au gré des acquisitions. Ces salles ont ainsi accueilli les grandes collections acquises au XIXème siècle, comme les collections Tochon, Durand, et bien évidemment Campana. Lorsque la question du redéploiement des collections étrusques et italiques s’est posée, cet héritage historique nous a naturellement conduit à proposer ces salles pour les présenter.
Outre cet écho historique, ne s’agissait-il pas aussi de remettre en lumière ces collections dans un espace privilégié du musée ?
La collection étrusque et italique du Louvre est la plus importante en dehors de l’Italie. C’est une référence, qui fait autorité dans le domaine scientifique. L’objectif était en effet de la redéployer dans un cadre plus vaste et majestueux que celui qui les accueillait jusqu’à maintenant. Aujourd’hui, nous avons la chance d’être au cœur du musée, entre les ailes Sully et Denon.
Le redéploiement des collections est un exercice délicat. Comment a-t-il été conçu ?
Une opération de ce type est forcément le fruit d’un travail collégial. Différentes directions du musée se sont mobilisées autour du projet, et une équipe dédiée a été constituée au sein du département. Je tiens d’ailleurs à rendre hommage au travail fourni par Laurent Haumesser, le conservateur en charge des collections étrusques et italiques, qui a défini le parcours et supervisé le redéploiement des collections.
Quels principes ont guidé ce redéploiement ?
Dans ces salles, une distinction claire a été établie entre la culture étrusque, la plus connue, et les autres cultures qui se déploient dans diverses régions de la péninsule italienne au premier millénaire avant notre ère. Le discours a été structuré autour d’une sélection fine de pièces importantes de la collection, pour donner les clés de lecture essentielles à la compréhension des civilisations présentées, lesquelles méritent une aussi grande attention que les civilisations grecque et romaine.
Comment avez-vous accompagné ce discours ?
La muséographie intègre un important dispositif de médiation. Repères géographiques, repères temporels : tout a été mis en œuvre pour présenter les collections de la manière la plus didactique possible. Outre les panneaux de médiation classiques, sur lesquels figurent des chronologies, des textes synthétiques et des cartes, nous avons mis en place des dispositifs multimédias dont les formats sont adaptés à notre propos. Ainsi le sarcophage des époux, une œuvre majeure de la collection étrusque, bénéficie d’un outil numérique dédié qui fournit des éléments sur sa fonction et le contexte de sa découverte. Pour les pièces d’orfèvrerie, nous avons privilégié des cartels numériques, qui permettent de donner des informations supplémentaires par rapport aux cartels traditionnels, par exemple sur les techniques de fabrication.
Même s’ils deviennent incontournables, ne craignez-vous pas que ces dispositifs numériques prennent une place trop importante ?
Le multimédia n’est là que pour aider à la compréhension et à la contextualisation des œuvres. Nous les utilisons de manière mesurée, pour qu’ils soient le plus pertinent possible sur des sujets précis mais limités. Notre objectif premier reste que le public ait un contact direct et immédiat avec les œuvres. Elles constituent le centre du propos, et la muséographie les met en valeur.
Outre les trois salles dévolues aux cultures étrusques et italiques, une quatrième fait actuellement l’objet d’un réaménagement. A quoi est-elle destinée ?
L’ancienne salle des Verres devient une salle d’introduction, dans laquelle sera retracée un pan de l’histoire du département. Constitué autour des antiques des collections royales, celui-ci s’est enrichi au cours du XIXème siècle par l’acquisition de prestigieuses collections particulières. Nous avons souhaité montrer la richesse et la variété de ces grandes collections qui offrent un panorama concret et varié de la vie quotidienne à l’époque antique. Une sélection d’objets très resserrée mais significative sera exposée dans des vitrines conçues pour cette salle par l’ébéniste Jacob-Desmalter, dans lesquelles était présentée la collection Tochon. La muséographie, d’une densité certaine, rappellera celle du XIXe siècle.