Restauration de l'Arc de triomphe du Carrousel

Restauration

Le 5 octobre 2023

La restauration de l’Arc de triomphe du Carrousel, financée par la campagne « Tous mécènes » de 2018, a débuté en novembre 2022 et s’achèvera avant l’été 2024. Elle permettra de restituer au monument tout son éclat.

Un monument à la gloire de la Grande Armée

Commandé par Napoléon aux architectes Charles Percier et Pierre Fontaine pour rendre hommage à ses armées, l’arc de triomphe du Carrousel est édifié de 1806 à 1810. Il constituait l’entrée monumentale du palais des Tuileries. Inspiré des arcs de Constantin et Septime-Sévère à Rome, il comporte trois arches et est orné de reliefs sculptés figurant des épisodes de la campagne d’Allemagne et d’Autriche de 1805. Le programme du décor a été conçu par Vivant Denon, le premier directeur du Louvre. Chacun des reliefs a été réalisé par un sculpteur différent, d’après les dessins fournis par le peintre Charles Meynier. Il en est de même pour les huit statues de soldats de la Grande Armée qui animent l’attique.

Une restauration indispensable

La dernière campagne de restauration du monument remonte à plus de quatre-vingts ans. Il a depuis subi une importante érosion, qui a fragilisé sa structure et rendu peu lisible son décor. Ainsi, les renommées en plomb doré et le quadrige en bronze présentent des fissures ouvertes. Les bas-reliefs en marbre ont éclaté sous l’effet de l’oxydation de leurs agrafes. Les plaques de marbre griotte menacent de se détacher et les grognards sont sales, très érodés, et comportent des manques importants.

La restauration va permettre de consolider la structure, en reprenant les étanchéités des maçonneries ou en renforçant les ferronneries. Le nettoyage des parements et des ornements, la restitution des éléments sculptés, lui redonneront une meilleure lisibilité.

Pour en savoir plus sur la restauration de l'Arc du Carrousel, découvrez la série de vidéos dont le premier épisode est publié ci-dessous. L'ensemble de la série est à retrouver sur Louvre +.

Un atelier au pied de l’arc de triomphe

Certaines opérations de restauration s’effectuent dans l’atelier aménagé au pied du monument, comme la création des nouvelles statues des soldats de la Grande Armée. En effet, les sculptures originales étant trop dégradées, il a été décidé d’en produire des répliques.

Des moulages en plâtre avaient été effectués en 1889 et dans les années 1930. On a procédé au scan en trois dimensions de ces moulages pour réaliser des modèles en mousse de polyuréthane. A l’aide d’un compas tridimensionnel le restaurateur a reporté des « points de direction » depuis ces modèles sur le dégrossi. On désigne par ce terme la « sculpture d’approche », obtenue par épannelage, technique qui consiste à éliminer du bloc de marbre la matière superflue pour révéler les masses principales de la statue. Ces points vont guider le travail du ciseau. Les éléments les plus saillants, comme les bras ou les jambes, sont déterminés par les « chefs points », qui permettent la réalisation d’une ébauche. Sur cette ébauche on ajoute des « points secondaires », pour affiner les volumes, puis des « points justes » pour les finitions.

Cette façon de procéder par reports successifs est utilisée dans les ateliers de sculpteurs depuis la Renaissance. Les plasticiens contemporains ayant diversifiés leurs pratiques, elle est désormais essentiellement employée en restauration. Il est possible d’observer sa mise en œuvre en regardant les restaurateurs travailler à travers les fenêtres ménagées dans la palissade protégeant le chantier.

illustration
Prise d'un point de référence sur le modèle
illustration
Report d'un point de référence sur le marbre

 Partager cet article

Vous aimerez aussi

La restauration de la Liberté "rend justice au travail d'un coloriste de génie"

Après la Mort de Sardanapale, c'est au tour de la Liberté guidant le peuple, autre célèbre tableau d’Eugène Delacroix, de regagner les cimaises de la salle Mollien. Rencontre avec Côme Fabre, conservateur en charge des peintures françaises du XIXème siècle au département des Peintures. 

Les retours de Simone Fattal au Louvre

Simone Fattal, récente lauréate du Großer Kunstpreis Berlin, est l’invitée du Louvre. Son travail côtoiera les œuvres et objets du département des antiquités orientales. À cette occasion, et pour le cycle des Leçons d’artiste, Fattal conduira un dialogue avec Ariane Thomas, directrice du département. 

« Les cartons de Jordaens que conserve le Louvre sont de précieux rescapés. »

Depuis près d’un an, le département des Arts graphiques a entamé l’étude et des tests préalables à la restauration de cartons de Jacob Jordaens. Regard croisé sur cet ambitieux projet, en compagnie d’Olivia Savatier, conservatrice au département des Arts graphiques en charge des Écoles du Nord, et Laurence Caylux, responsable de l’atelier de restauration d’arts graphiques.