Étude de l’Aurige de Delphes

Antiquités grecques étrusques et romainesÉtude

Le 17 février 2023

Dans le cadre d’une convention tripartite signée par l’Établissement public du musée du Louvre, l’École française d’Athènes et l’Éphorie des Antiquités de Phocide (Grèce), le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines a conduit, entre 2017 et 2022, avec le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France un ambitieux programme de réexamen de l’Aurige de Delphes, fondé sur le déploiement de méthodes d’analyses innovantes.

Les grands bronzes antiques sont très rares, car ils ont été refondus, dans leur grande majorité, durant et après l’Antiquité. C’est parce qu’ils ont disparu accidentellement que certains, retrouvés de façon aléatoire au gré des fouilles, sont connus aujourd’hui. Le groupe de l’Aurige a ainsi été détruit par un séisme, survenu dans le sanctuaire d’Apollon à Delphes entre le 4e et le 2e s. av. J.-C. L’Aurige, c’est-à-dire le cocher, a été épargné avec quelques fragments des chevaux et du char, et un bloc inscrit de la base. Il appartenait à un monument statuaire qui commémorait la victoire à la course de quadrige de Hiéron, l’un des tyrans de Sicile.

Daté des années 470 - 466 av. J.-C. et identifié comme l’un des jalons majeurs de la sculpture grecque antique, il n’avait fait l’objet, depuis sa découverte en 1896, que d’un bilan technologique superficiel. Cette absence de données a justifié l’étude interdisciplinaire qui a été menée durant cinq ans avec près de trente chercheurs*. Il s’agissait de déterminer la technique d’élaboration du groupe (procédés de fonte à la cire perdue et d’assemblage, emplacement des soudures) ; de préciser la provenance des matériaux et, grâce à l’étude des noyaux de coulée, l’origine du groupe ou encore, en identifiant la nature des alliages des pièces principales et des incrustations, de restituer la polychromie originelle de la statue (couleur du métal de base, décor du bandeau, des sourcils, des lèvres et des dents). Les résultats ont démontré que l’Aurige comptait parmi les œuvres les plus virtuoses de son époque.

Ils ont été présentés à Athènes en décembre 2022 dans le cadre du colloque « L’Aurige de Delphes et la grande statuaire grecque en bronze : nouvelles perspectives à l’époque dite du style sévère »**.


* Voir sur YouTube « L’Aurige de Delphes : à la redécouverte d’un grand bronze exceptionnel », documentaire réalisé par le réseau des Écoles françaises à l’étranger.

** Voir pour les résultats de l’étude sur l’Aurige et pour le colloque le site du C2RMF et celui de l’EFA.
 

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