Jean Antoine Houdon (1741-1828), Constance Marie de Théis, princesse de Salm-Dyck (1767-1843)
SculpturesNouvelle acquisition
L'acquisition du buste de Constance Marie de Théis, qui figurait dans la vente réalisée en 1828 après le décès de Houdon, comble l'absence d’œuvres postérieures à la Révolution.
Constance de Théis, princesse de Salm, est une femme de lettres. Elle écrit en 1785 dans l’Almanach des Grâces, dans la Revue Encyclopédique, et en 1793, elle publie Sapho, tragédie lyrique. Elle est la première femme admise au lycée des Arts en 1795. En 1797, paraît son Épître aux femmes, puis en 1824, un roman épistolaire : Vingt-quatre heures d’une femme sensible. Sont alors édités ses textes politiques, Cantate sur le mariage de Napoléon, puis ses Mémoires en 1833, Mes soixante ans, enfin, ses Œuvres complètes en quatre tomes en 1842.
Divorcée, elle se remarie avec Joseph François de Salm Reifferscheidt-Dyck, membre du corps législatif et comte d’Empire Français. Elle tient un salon littéraire décoré par Vaudoyer et Lagrenée. Une gravure d’Ambroise Tardieu d’après un dessin d’Antoine Chazal, intitulée Une soirée chez la princesse Constance de Salm en 1806, montre le sculpteur et ses amis entourant l’hôtesse.
Son buste, d'une grande sobriété, présente une découpe arrondie néo-classique, comme le pratique Houdon pour ses portraits d’écrivains, tels, Diderot, Voltaire, Rousseau, d’Alembert. L’incise des yeux est caractéristique de Houdon.Vers 1803, date de son mariage, le buste est exécuté à partir d’un modèle en terre cuite, disparu lors du moulage à creux perdu. Ne subsiste ainsi que le plâtre original, marqué par une franche couture latérale.
Il figure dans la vente après décès de Houdon en 1828, puis chez Delcour, acheté par le collectionneur Martel. Il est revendu en 1936, acquis par Paul Gouvert lors du bicentenaire de la naissance de Houdon, galerie de Ruez. En 1960, il est exposé chez Edmond Courty, puis à la vente Drouot en décembre 2002, il est acheté par la famille de Salm. Il retrouve alors sa place rue du Bac. C’est un don de la fondation Lamarck, effectué lors de la dispersion chez Sotheby’s du 14 octobre 2021. Cette acquisition comble l’absence d’œuvres postérieures à la révolution.
Avec cette oeuvre, intègre les collections du musée l’album Amicorum comprenant 300 pages manuscrites et 60 dessins, dans la tradition des keepsake books de l’aristocratie anglaise, en vogue à l’époque romantique. Commencé le 1er janvier 1809, lors de l’installation de la princesse à l’hôtel de Ségur, il est complété jusqu’en 1824 . C’est un recueil, reflet d’une société où, arts et sciences mêlés, dominent l’exercice du compliment, les poèmes en alexandrins, les romances, odes, éloges, et les acrostiches. Un dessin d’Anne Louis Girodet illustre le cercle social qui gravitait autour de la princesse en 1809 : Vaudoyer, Lagrenée, Vernet, Dumas, Chénier, Cherubini, Pauline Borghèse, Hortense de Beauharnais, le général Lafayette.
Plâtre
Sur la tranche : « houdon f »
Vers 1803
H 0,57
L 0,35
P 0,29
RFML.SC.2021.36.1
Don de la Fondation Lamark en 2021