Mission archéologique à Apollonia du Pont (Sozopol, Bulgarie)

Antiquités grecques étrusques et romainesArchéologie

Le 11 septembre 2023

La Mission archéologique à Apollonia du Pont (Sozopol, Bulgarie) a mené, du 9 juin au 7 juillet 2023, l’exploration du tertre funéraire présent sur la parcelle cadastrale PI. 67 800.7.133.


Il était disposé 2 km au sud de la cité d’Apollonia et 300 m au sud-ouest du tumulus dit « Batteria », étudié par la Mission en 2018. L’enjeu scientifique était double. Il s’agissait d’éclairer les collections dont le musée du Louvre a hérité à l’issue de travaux réalisés à une période encore précoce pour l’archéologie, tout en répondant à une contradiction historique majeure qui voit s’affronter le témoignage d’Aristote (Politique, V, 3, 13) aux données de l’archéologie. Par la multiplication durant le IVème s. av. J.-C. de contextes funéraires remarquables autour de la cité, on observe l’affirmation d’une élite sociale à un moment clé où Apollonia est censée expérimenter un régime démocratique suite à l’expulsion des familles des premiers colons qui dominaient jusqu’alors la vie politique et sociale.

Le tumulus présentait un diamètre de 11,70 m pour une hauteur maximale de 1,09 m. La couverture abritait un vaste péribole de forme quadrangulaire. D’une longueur de 6,70 m (est/ouest) pour une largeur de 4,65 m (nord-sud), il occupait une superficie de 31 m² (orienté 45° Est). Ses murs étaient dotés d’une épaisseur maximale de 0,70 m pour une hauteur conservée de 0,95 m. Le péribole abritait deux tombes sous la forme de deux pithoi posés sur le côté, destinés à recevoir chacun une inhumation primaire en enchystrismos.

Hélas, le tumulus avait fait l’objet d’opérations de pillage, ne laissant derrière elles que de rares pièces du mobilier funéraire. Parmi elles, un corymbe en terre-cuite provenant d’une couronne funéraire dont témoigne également l’empreinte d’une feuille d’or qui recouvrait une des feuilles en bronze (laurier ?). L'analyse anthropologique a révélé la présence d’un individu mature d’âge avancé, plutôt de sexe masculin.

Deux contextes remarquables avaient néanmoins échappé à la sagacité des pilleurs : un imposant trésor monétaire déposé dans le fond d’un pot posé sous la surface du remblai tumulaire. Il rassemblait 74 pièces en bronze et deux en argent associant trois types monétaires. De même, au sud du tombeau, un imposant foyer rituel (1,18 m sur 0,74 m) a livré 22 vases liés à la toilette, à la boisson, au service de table et à la préparation des mets. Ce foyer, qui date le tumulus des années 310-290 av. J.-C., complète par ailleurs plusieurs contextes rituels secondaires déposés dans le remblai.

Ces travaux ont été engagés conjointement avec le Musée archéologique de Sozopol. Ils étaient placés du côté bulgare sous la responsabilité de Teodora Bogdanova (Institut national d’archéologie et musée, Académie bulgare des sciences) et de Dimitar Nedev (Musée archéologique de Sozopol), et d’Alexandre Baralis (musée du Louvre) du côté français. Le financement a été assuré par la Commission des fouilles du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et le musée du Louvre.

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